Le pape François va publier un nouveau texte sur le climat

Le pape François va publier un nouveau texte sur le climat

Huit ans après une première mise en garde contre les conséquences du changement climatique, le pape François publie mercredi un additif à ce texte fondateur pour dresser un inventaire et proposer de nouvelles actions.

La publication de cette suite à son encyclique de 2015 "Laudato Si" ("Que tu sois loué"), intervient quelques semaines avant le début à Dubaï des négociations sur le climat sous l'égide de l'ONU, la COP28, alors que les objectifs de réduction des émissions de carbone semblent de plus en plus difficiles à atteindre.

Le nouveau texte papal, baptisé "Laudate Deum" ("Louez Dieu"), sera "un regard sur ce qu'il s'est passé et dire ce qu'il faut faire", a affirmé le pape de 86 ans.

Le document original, de près de 200 pages, n'était pas destiné aux seuls 1,3 milliard de catholiques revendiqués par l'Eglise mais à toute l'humanité, un appel à la solidarité mondiale pour agir ensemble en vue de protéger "notre maison commune".

Basé sur les recherches sur le climat, il affirmait clairement que l'humanité est responsable du réchauffement climatique et mettait en garde contre le changement rapide et la dégradation ayant porté le monde au bord du "point de rupture".

Le message de François avait aussi une forte connotation morale, en dénonçant la responsabilité du consumérisme, de l'individualisme et la poursuite de la croissance économique aux dépens de la planète. Pour le jésuite argentin, les pays riches doivent accepter qu'ils sont les principaux responsables de la crise climatique et aider les pays pauvres qui en subissent les plus lourdes conséquences.

"Laudato si" avait évoqué un débat au niveau mondial, phénomène inédit pour un texte religieux, y compris des revues scientifiques. Quelques mois plus tard, une avancée significative avait été obtenue avec l'accord de Paris sur le climat dont l'objectif primordial est de maintenir la hausse de température en dessous de 2°C.

Selon les observateurs, le Vatican aurait joué un rôle important en coulisses.

"Travailler ensemble"

L'ONU a averti le mois dernier que le monde n'était pas en bonne voie pour atteindre ce but, alors que 2023 devrait être l'année la plus chaude de l'Histoire de l'humanité, avec un été marqué par des canicules , des sécheresses et des incendies.

"Il est temps de travailler ensemble pour arrêter la catastrophe écologique avant qu'il ne soit trop tard", a récemment exhorté le pape lors d'une intervention vidéo en marge de l'Assemblée générale de l'ONU.

Le nouveau texte devrait être beaucoup plus court que son précédent, et son format, une exhortation apostolique au lieu d'une encyclique, à moins de poids dans la théologie catholique.

Pour le Pr Ottmar Edenhofer, directeur de l'Institut de Potsdam de recherche sur le climat, ce texte ne devrait pas avoir le même impact.

"Laudato Si" avait selon lui renversé la table, faisant du changement climatique un véritable sujet pour l'Église catholique, mais entraînant aussi un débat au sein de la communauté scientifique. Alors que François a fait de ce thème un pilier de son pontificat, son influence n'est plus ce qu'elle était : "l'autorité morale de l'Eglise catholique a décliné significativement ces huit dernières années", notamment en raison de " la crise des agressions sexuelles" sur mineurs, estime le Pr Edenhofer.

En 2015, François, élu deux ans plus tôt, "était perçu comme l'un des grands leaders moraux, l'un des plus importants dirigeants du monde", alors qu'aujourd'hui "le monde est en crise, l'Eglise est en crise".

Lors du 5e anniversaire de l'encyclique en 2020, le Vatican avait appelé les catholiques à retirer leurs investissements du secteur des carburants fossiles. Symboliquement vu sa taille minuscule, l'État du Vatican s'est également engagé à éliminer ses émissions de carbone d'ici 2050.

Cette année, le très respecté Institut environnemental de Stockholm (SEI) a publié en collaboration avec le Vatican une brochure basée sur "Laudato Si" donnant des explications succintes sur les problèmes urgents pour tenter d'inciter les gens à agir.

"Ce qu'il faut maintenant, c'est une action à la fois individuelle et collective pour résoudre la triple crise planétaire que nous affrontons : le changement climatique, la pollution et la perte de biodiversité", a expliqué à l'AFP le responsable. de ce projet, Molly Burd.

"Les leaders religieux, comme tous les véritables leaders, peuvent jouer un rôle en influençant les comportements au sein des communautés qu'ils dirigent".

La Rédaction (avec AFP)

Crédit image : Shutterstock/ Giulio Napolitano

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